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Les joies des traversées de frontières

16 Août 2018
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La frontière entre l’Ukraine et la Hongrie (voir précédent article sur la route vers l’Ukraine ) constitue véritablement la clef de voute, le piment….mais surtout l’endroit le plus redouté de notre périple car TOUT peut y arriver comme si nous entrions dans un endroit non régi par les mêmes règles de l’univers qu’ailleurs. Heureusement nous n’y avons pas encore vu de chute de météorites…

Type de frontières

Si vous avez eu la chance infinie de ne pas avoir à traverser de frontière contrôlée à la sortie de l’espace Schengen, alors sachez que pour venir en Ukraine vous devez traverser deux postes de frontière successifs, l’un pour le pays de sortie et l’autre pour celui d’entrée.

Pour venir en Ukraine, il est possible de traverser la frontière en voiture, en bus, en train, ou à la sortie d’avion ou en bateau. Nous avons testé tous les passages sauf les deux derniers.

Attente
Dans le train qui arrive en Hongrie après la frontière

Qui veut traverser la frontière en sortant de Schengen doit préparer en avance des magazines, des jeux, un repas, de la musique, un film et une tente de camping…j’exagère à peine.

En ce qui me concerne j’aime bien traverser la frontière par voie ferrée, car les contrôles sont calés sur les horaires des trains et vous êtes donc sûrs de traverser la frontière à peu près en 30 minutes.

Chop

 

Ces derniers temps on traverse souvent la frontière en voiture et en moyenne cela nous prend 2 heures. Quand on dit qu’il faut remettre les frontières en France je ne peux pas m’empêcher à penser à cette image

et peut-être aussi à celle-ci.

En règle général l’attente du poste frontière du pays dans lequel on rentre est la plus longue.

Récemment lors d’un retour d’Ukraine vers la Hongrie nous avions une foule énorme de voitures avec une queue d’approximativement 4 heures. Nous avons du demander aux douaniers et à toutes les voitures devant nous s’ils pouvaient nous laisser passer car nous allions rater notre avion. Les douaniers nous ont demandé la confirmation du vol et comme cette dernière n’était pas imprimée nous avons activé Internet pour la montrer sur le téléphone. En 15 secondes chrono le téléphone a synchronisé l’application e-mail pour un coût total de 40 euros de données car nous étions sur le réseau ukrainien hors Europe :-(. Au final avec les voitures doublées nous avions quand-même passé 2 heures pour la traversée.

Le contrôle

Si vous avez oublié vos deuxièmes et énièmes prénoms, les douaniers vous les rappelleront avec une petite lumière « douce » dans le visage si vous traversez la nuit.

Nos bagages sont régulièrement fouillés et une fois pour Noël nous avions eu le malheur d’emballer nos cadeaux de Noël à l’avance. La plupart a été ouverte, car le douanier nous trouvait suspect…

Nous transportions également une fois une mallette de poker en cadeau, cette dernière a suscité beaucoup d’intérêt. Les jetons étaient emballés en plastique transparent par cinq…là encore un douanier a ouvert 60% des paquets et vérifié méticuleusement chaque jeton jusqu’à jeter l’éponge…

Trafic

En Ukraine, le niveau de vie est inférieur à celui de la Hongrie (même si cela tend à se lisser) ; les salaires y sont donc moindres ainsi que le coût de certains biens. Les cigarettes et l’essence particulièrement sont des produits qui coûtent beaucoup moins cher d’un côté de la frontière que de l’autre.

Cela entraîne tout un ensemble de tentatives de trafics lesquels sont contrebalancés par les contrôles douaniers qui sont d’autant plus rigoureux que la frontière est européenne.
De notre côté nous ne fumons pas, nous n’avons pas de voiture et enfin nous n’avons pas envie de prendre des risques inconsidérés lorsque nous retrouvons la famille. Nous n’avons donc jamais été tenté par des trafics mais nous pouvons y être confrontés indirectement de temps à autre. Ainsi nous avons déjà eu la voiture qui nous conduisait fouillée de fond en comble à la frontière. Cela a inclus le passage au dessus d’une trappe pour regarder le dessous du véhicule, l’utilisation de miroirs etc.

  • Longtemps il fut interdit pour les taxis traversant régulièrement la frontière d’avoir plus d’un plein d’essence par mois en entrant en Hongrie depuis l’Ukraine. En effet cela permettait d’éviter que le réservoir soit siphonné une fois la frontière passée pour revendre l’essence au prix fort. Les conducteurs voulant également éviter de payer l’essence hongroise au maximum afin de maximiser leur course, il n’était pas rare de conduire sur la réserve et de craindre de finir la course au milieu de nulle part. Par ailleurs nos chauffeurs nous mentionnaient l’existence de véhicules avec réservoirs truqués et de perche avec caméra pour regarder le contenu du réservoir côté douanier. Cette restriction est tombée car l’écart sur l’essence est moindre qu’auparavant et le plein est de nouveau fait avant d’entrer en Hongrie par les taxis.
  • Il n’est pas rare d’observer des allez-retours de vélos à la frontière (par temps de pluie et de neige aussi) qui transportent moult barils de lessive depuis l’Europe vers l’Ukraine, car il existe aussi des biens plus chers en Ukraine qu’en Europe et surtout car la lessive de marque européenne a meilleure réputation.
  • Enfin il y a une dizaine d’années j’ai pu assister à la frontière ukrainienne au démontage des murs, du sol et du plafond des cabines du train destiné à traverser la frontière. Ils y cachaient des kilos et des kilos de cartouches de cigarettes… Une fois arrivés à la frontière hongroise cela devenait encore plus impressionnant de voir les douaniers hongrois refaire la même chose… Je me souviens que les trafiquants voulaient partager une cabine avec moi, car en allant à Paris j’avais toujours une énorme valise par rapport à eux et ils espéraient que je focalise l’attention des douaniers 🙂
Quelques anecdotes
  • Lors de notre première traversée avec mon ami français laquelle a eu lieu en taxi, notre chauffeur, que je ne connaissais pas, a décidé qu’il y avait trop de monde à la frontière en voiture au passage. Il a donc décidé de remonter la file en sens inverse, ce qui a fait venir les douaniers mécontents avec leurs armes automatiques. Comme ci de rien n’était notre chauffeur a vociféré qu’il connaissait le chef de la douane et qu’il avait l’habitude de passer et cela s’est envenimé. Finalement nous sommes passés mais mon ami a été quelque peu effrayé par sa première traversée.
  • Lors de notre seconde traversée – en train cette fois – le douanier hongrois a pris mon passeport ukrainien et mon titre de séjour français pour vérifier quelque chose. Il est parti très loin à travers les champ et a mis très longtemps à revenir dans le train avec les documents…Il est finalement revenu 3 minutes avant le départ du train…
  • Une fois également nous avons voulu traverser une frontière de voitures à pieds (attention, mauvaise idée). Nous avons passé 40 min à la frontière avant de trouver une bonne âme, qui a été un peu forcée par les douaniers, pour nous prendre dans sa voiture moyennant un paiement.
  • Si par malheur vous traversez une frontière au milieu de nulle part avec un récépissé français cela peut s’avérer compliqué. Ainsi j’ai failli raté un train, car le douanier ne voulait pas faire confiance à un petit papier ou tout était écrit en français qu’il voyait la première fois dans sa vie.

Une fois la frontière passée ça y est on est en Ukraine. Il y a moins de lumière dans les rues et plein de trous sur la route mais on est content car de bons moments sont devant nous 🙂.

Premières images après la traversée (côté Ukraine)
Premières images après la traversée (côté Ukraine)

Et vous, avez-vous des anecdotes de la frontière à partager ?