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DakhaBrakha, l’Ukraine à Paris

30 Mar 2022
Jaime lukraine DakhaBrakha 2022 Ukraine-2

L’émotion en musique

Le concert le plus émotif de ma vie et auquel j’aurais préféré ne pas assister. Il aurait été différent s’il n’y avait pas de guerre. S’il n’y avait pas de bombardements. Pas de morts. Pas de blessés. Pas de traumas pour la vie. Je n’arrive plus à écouter la musique ukrainienne sans pleurer, elle s’associe à toute cette souffrance qui déchire mon coeur en millions de morceaux (autant que d’Ukrainiens en Ukraine) et provoque des micro-explosions internes depuis plus d’un mois. Un sentiment que je ne souhaite à personne et que je n’arrive pas encore à exprimer avec des mots justes et lucides. 

Lundi dernier, DakhaBrakha a transporté les Français en Ukraine, à la guerre qu’ils ont ramenée avec des images vivantes accompagnant la musique hors du temps… Ce spectacle puissant avec des motankas sombres, des images de la résistance, des derniers graphismes des artistes contemporains et pour culminer des avions de chasse qui survolent le ciel jadis paisible ont fait naître une harmonie paradoxalement effrayante. Avec sa musique progressive, ses rythmes électrisants des percussions, ses voix envoûtantes et hypnotisantes, sa polyphonie ancestrale, ses postures majestueuses, DakhaBrakha a captivé et a emmené crescendo chaque cellule et chaque atome de nos corps loin des sièges bleus du théâtre Monfort, les a fait survoler au-dessus des barricades, des ruines et des cris, les a balancés au milieu des combats… 

Toutes les chansons ont fait vibrer nos cordes sentimentales: celle en magnifique langue des Tatares de Crimée, Vesna (Printemps), espoir de se retrouver après la victoire, Tchoven (Bateau), chanson folklorique ukrainienne, actuelle plus que jamais,…Et peut-être que ces symboles de guerre horrible, propulsés par ce moyen de communication formidable qu’est la musique, feront naître une vraie chaîne consciente qui se resserrera autour des tyrans monstrueux et la Musique vaincra le mal.


Photos © Erika Dan